QU’EST-CE QUE C’EST ?

Ces derniers mois, on s’est tous un peu perdus dans les concepts du monde numérique, entre revnum, cookies et autres CNNum. À moins d’être un lecteur assidu de Rue89 et autre Journal du Net, le jargon reste, par définition, hermétique. Parmi ces termes, on a choisi de vous expliquer ce qu’est une « narration interactive ». On est en train d’en réaliser une, que vous retrouverez bientôt ici. Voilà ce qu’on en sait.

Les narrations interactives sont de plus en plus nombreuses. Derrière cette appellation un peu barbare se cache un concept assez simple. Déconstruisons tout ça, voulez-vous ?

 

QU’EST-CE QU’UNE NARRATION INTERACTIVE ?

La narration se produit quand une histoire est racontée (par un narrateur). Jusque là rien de bien compliqué, surtout que les histoires font partie de notre quotidien. Aussi loin que remonte l’écriture, on en a retrouvé des traces. L’épopée de Gilgamesh, retrouvée en Mésopotamie, remonte au XVIIIe siècle avant J.C. (-1700 soit il y a 3700 ans) ! Sans compter qu’il existait sans doute déjà des récits oraux, dont les traces ont disparu par défaut de transmission. Bref, que l’on regarde la télé, que l’on écoute la radio, que l’on lise un livre ou que l’on geeke, on est entouré d’histoires en permanence.

L’interaction, c’est une action réciproque. C’est-à-dire que le contenu agit sur le spectateur en lui apportant de l’information, comme c’est déjà le cas à la télé, à la radio ou sur internet. Mais ça veut dire aussi que le spectateur peut agir sur le contenu. Ces actions vont ainsi influer sur l’histoire (la narration).

Dans les narrations interatives, ces interactions peuvent être plus ou moins élaborées. Les actions demandées au spectateur (qui devient donc acteur) peuvent être extrêmement complexes, comme avec Fort McMoney. Ce projet tient autant du jeu vidéo que du documentaire avec des missions à remplir et des points d’expérience à cumuler. D’autres ont pris des partis plus simples mais tout aussi efficaces comme Welcome to Pine Point qui laisse les internautes suivre une narration linéaire, classique, à leur rythme.

Le public peut aussi être appelé à produire le contenu. L’histoire se décompose alors en 2 temps : un appel des auteurs à leur public puis une restitution de ce qui a été produit. C’est le cas par exemple de Mission printemps, qui a demandé aux spectateurs d’Arte de relever le nombre de lombrics dans un mètre carré de terre près de chez eux, permettant de faire avancer la recherche scientifique sur l’état de nos sols. Encore plus ambitieux peut-être, le réalisateur Ridley Scott a demandé aux internautes de filmer le monde qui les entoure, le 24 juillet 2010, et de lui envoyer leurs vidéos. Il en a fait un film. Tout simplement.

 Bande-annonce – Life in a day

Le film complet, réalisé en partenariat avec Youtube, est disponible ici.

POURQUOI RÉALISER DES NARRATIONS INTERACTIVES ?

Pourquoi se compliquer la vie ? Pourquoi pas un documentaire ? Pourquoi pas un roman ? Pourquoi opter pour ce type de support, encore peu commun ?

Les objectifs que se fixent les narrations interactives sont variés, du documentaire pur au support de communication de type contenu de marque, comme l’a fait récemment Clan Campbell. Mais il existe des points communs, des avantages liés à la structure même de la narration interactive.

Ces plateformes permettent de mélanger les médias (textes, animations, vidéos, photos, etc.). Les narrations interactives permettent d’utiliser tout ce que la technologie nous offre. Ou de faire certains choix.

Qui plus est, l’auteur va prendre le parti de laisser plus ou moins de contrôle à l’internaute. Celui-ci peut donc se retrouver à écrire sa propre histoire au sein du support. Parfois, il a le choix entre plusieurs chemins à suivre, comme dans Jeu d’influences ou Fort McMoney. Parfois, comme dans Welcome to Pine Point, il choisit seulement de s’attarder ou non sur le contenu. Dans tous les cas, le spectateur devient acteur, il est impliqué et donc immergé dans l’histoire.

Bien sûr, l’auteur gagne en liberté narrative. N’étant pas limité par son support, il peut choisir et redéfinir son parti-pris. Mais le spectateur est, lui aussi, plus libre ! Il peut consulter le contenu qui l’intéresse, à son rythme, passer celui qui ne lui plaît pas, interagir, tout simplement. Il est maître de sa consultation, ce qui permet d’échanger de manière consensuelle, pas subie. Le message n’en a que plus d’impact ! On se démarque en allant au fond du sujet et en proposant une expérience forte. Tout cela en impliquant le spectateur.

On aura sans doute l’occasion sur ce blog de vous présenter plus en détail certains des projets évoqués, mais on vous conseille d’y jeter un coup d’œil, d’ores et déjà. Après cela, les documentaires classiques vous sembleront sans doute un peu plats.

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